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[ retour sur l'aventure ]


Clichy Mot à Mot

Pendant plusieurs mois, les 28 000 Clichois ont été invités à l'écriture.

Pour recueillir les textes et les récits des habitants, des ateliers d'écriture ont été animés par l'association Les Compagnons de la Nuit du 28 avril au 28 juin 2008 .

          > Tous les lundis après-midi dans le Haut-Clichy, au centre social de la Dhuys.

          > Tous les mercredis après-midi à la bibliothèque Cyrano de Bergerac.

          > Tous les samedis après-midi dans le Bas-Clichy au centre social de l'Orange Bleue.

Des "Boîtes à Mots" ont été mises à la disposition de tous les participants pour recueillir leurs textes et leurs récits. Ils pouvaient également les déposer dans le livre d'or de ce site.

En tout, 380 textes ont été recueillis.

 
[ reportage ]

L’atelier d’écriture, un moment de partage


orangebleue2          Un après-midi ensoleillé dans un quartier du Chêne Pointu, à Clichy. Comme chaque semaine, le centre social de « l’Orange bleue » accueille des habitants de la ville pour un exercice ludique, l’atelier d’écriture. Un moment ouvert à tous : adultes, ados ou enfants… Qu’on se sente doué pour l’écrit ou pas. Mais aussi qu’on soit venu pour cela ou pas, comme Thierry, le responsable du centre, qui se prête au jeu.

orangebleue3          Assis autour d’une table, muni d’un stylo et d’une feuille de papier, chacun écoute les consignes des animatrices des Compagnons de la Nuit, Martine et Carole. Et s’en amuse… Etonnant, en effet, le
« logorallye », cet exercice qui consiste à écrire vite, sans réfléchir, en utilisant quelques mots imposés, donnés au compte-goutte. La tentation est grande de méditer des heures sur les phrases à venir. Mais l’important est d’être sincère, non ? Une fois mis le point final, si on le souhaite, on lit, l’un après l’autre, son texte ou celui de son voisin, à voix haute… Des lectures toujours chaleureusement applaudies.

orangebleue4          Les mots sont simples, beaux, amusants, parfois tristes. Les textes, autobiographiques ou plus contemplatifs. Chaque exercice est une nouvelle expérience. Ecrire à plusieurs ou se mettre dans la peau d’un personnage choisi sur une photo. Imaginer Clichy dans le futur ou décrire la ville aujourd’hui. Et bien sûr, utiliser les douze mots de « Clichy Mot à Mot ». « Plus il y a de contraintes, plus ça ouvre la porte de l’imaginaire », explique Carole.

orangebleue5           Très assidue aux ateliers, Khouloud, 19 ans a vu son travail évoluer. « Au début, je n’arrivais pas à écrire avec
"je", j’utilisais "il" ou "elle" », raconte-t-elle. Puis son style s’est fait plus personnel, plus direct. Depuis longtemps déjà, elle se servait de l’écriture comme d’un exutoire. Mais ses textes restaient confinés dans un journal. Aujourd’hui, si elle conserve un peu de sa timidité, Khouloud accepte qu’on lise ses textes en public. Et songe même, pourquoi pas, à embrasser un jour une carrière d’écrivaine…





 
[ le témoignage de Carole, des Compagnons de la Nuit ]

Quatre animateurs se sont relayés à partir du mois d'avril 2008 pour proposer trois fois par semaine des ateliers d'écriture aux Clichois. Ils appartiennent à l'association Les Compagnons de la nuit. Entretien avec Carole, l'une des animatrices de ces ateliers.

 « Les personnes qui viennent ont tout ce qu’il faut en elles »

orangebleue1A quoi sert un atelier d’écriture ?
Il faut déjà définir ce à quoi ça ne sert pas. Ca ne sert pas à apprendre à écrire. Cette confusion avec le travail scolaire fait que certains craignent d’être évalués ou jugés. L’atelier d’écriture, ça ne sert pas non plus à s’approprier des techniques ou à entrer en compétition avec les autres. Ca n’est pas destiné à être thérapeutique, ni pédagogique. Ca ne donne pas de recette, pas de méthode. Les personnes qui viennent aux ateliers ont déjà tout ce qu’il faut en elles. L’atelier leur permet simplement de contrer l’angoisse de la page blanche.

Est-ce un jeu ? Un travail ?
C’est un moment d’échange, de partage. C’est aussi un rendez-vous : on sait qu’on y va pour écrire et qu’il va falloir se forcer. On peut comparer cela au travail du musicien qui fait ses gammes. C’est un entraînement de l’esprit. Les consignes que nous donnons aident les gens à se lancer. Ils se sentent moins seuls mais aussi moins responsables, puisque l’animateur de l’atelier prend en charge le choix du thème, qui ne les aurait pas forcément inspiré de prime abord.

En quoi cette activité s’accorde-t-elle bien avec l’opération Clichy Mot à Mot ?
On utilise les contraintes qui permettent de développer l’imaginaire. On situe l’écriture dans un contexte, le quartier par exemple. Pour s’aider, il y a les douze mots et la ville de Clichy. Les habitants se sont bien appropriés la commande : donner une autre image de Clichy-sous-Bois. Petit à petit, ils parlent de leur vie, de leurs attentes. Il y a des personnes pour qui ça a révélé quelque chose et qui sont devenues des inconditionnelles.